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Rider conscient #1 - L'impact du néoprène

Dernière mise à jour : 1 août 2022

La combinaison néoprène, indispensable selon les conditions et matériel phare pour les sports aquatiques, offre aux rideur.euse.s isolation thermique et liberté de mouvement. Toutefois, bien comprendre ce matériau pétrochimique et son impact sur l'écosystème marin et plus largement l'environnement permet de prendre conscience de l'importance des choix et de l'entretien du matériel.


L'histoire de la matière


Le néoprène, cette matière mousseuse et élastique, est apparu en 1920. Néanmoins ce premier caoutchouc synthétique possède un inconvénient à sa commercialisation de masse : son odeur atroce. Sa composition chimique est alors modifiée pour pallier ce problème et dès 1930 la solution est trouvée. Un néoprène peu odorant envahit la vie quotidienne sous forme de gants et de semelles de chaussures. Dans les années 1950, les frères O’Neill l'utilisent pour les sports aquatiques en créant les premières combinaisons de plongée en néoprène, qui sont aujourd’hui l’utilisation la plus connue du néoprène. Ses propriétés ont ravis les adeptes du surf, kitesurf, wakeboard, bodyboard et bien d’autres sports aquatiques encore.

Selon l'OCDE, il y a 2.25 tonnes par an de polychloroprène qui sont rejetés de manière diffuse dans l’environnement.

Matériau polluant pour faire corps avec la nature

Toutefois, le constat écologique est sans appel. D’un point de vue de l’écosystème et d’après le SNCP (syndicat national du caoutchouc et des polymères), la quantité de déchets de néoprène est faible par rapport à d’autres caoutchoucs, mais la pollution demeure. Selon l'OCDE, il y a 2.25 tonnes par an de polychloroprène (famille du néoprène) qui sont rejetés de manière diffuse dans l’environnement.

Comme les autres microparticules de plastique, le néoprène se répand dans l'écosystème aussitôt désolidarisé de la combinaison de surf et pénètre in fine dans les animaux et végétaux. Il suffit d'une session de surf. Une étude dans le Cornish Seal Sanctuary à Gweek, Cornwall (UK) démontre la contamination par microplastiques à travers les niveaux trophiques (ici du poisson au phoque). En clair, les scientifiques ont évalué la contamination des poissons des bassins aux microparticules et la contamination de leurs prédateurs, les phoques du même bassin. Le néoprène, troisième polluant le plus présent dans l’échantillon de la population de poissons, se retrouve en plus grande concentration chez les phoques de l’échantillon, eux-même également exposés à la pollution des microplastiques. On connait cette théorie de concentration de pollution et contamination par échelles des prédateurs...et ça concerne aussi la matière de la combi de surf!



Une production énergivore et pathogène


Il est produit avec des matières premières dont l’extraction est délétère pour l’environnement, comme le pétrole ou le calcaire. Il est très difficilement recyclable. Sa production sous-tend une transformation à plusieurs étape du pétrole, pour parvenir à la bonne formation moléculaire qui donne le néoprène tel qu’on le connaît. Sa production est très coûteuse en énergie et en eau, élément essentiel dans les étapes de transformation de la matière. Aussi, l’industrie du caoutchouc synthétique, dans les conditions actuelles de production, a de lourdes conséquences sur la santé des travailleurs et ouvriers de ses usines. La corrélation positive entre la leucémie d’autres formes de cancers et la production de butadiene, soit un des stades de transformation du pétrole vers le néoprène, est établie. Inutile de souligner bien entendu que les usines de production, quelles qu’elles soient, ont un impact rarement positif sur la santé de leurs employés...


Peu de possibilité de réincarnation pour le néoprène


En ce qui concerne les déchets, il n’existe pas aujourd’hui de filière de tri pour le polychloroprène, petit nom scientifique du néoprène. Les combinaisons de plongée une fois hors d’usage, sont jetées. Cependant, depuis 2007, il existe des associations, des magasins ou encore des marques qui les récupèrent dans le but de les transformer en produits divers, comme des bijoux, des porte-clefs ou encore de rembourrages de pouf. Leur objectif est de sensibiliser la population au développement durable par le biais de gestes simples à travers leurs tentatives d'économie circulaire.

Mais bonne nouvelle!

Des constats peu glorieux pour le matériau-phare du surf, discipline sportive qui encourage à l’harmonie humain-nature à travers sa pratique et sa philosophie. Mais la culture surf et la conscience de préservation de la nature travaille heureusement à renverser ces tendances. Peu à peu, des néoprènes plus respectueux émergent. Une évolution qui s’accélère, pressée par la pénurie de matières premières que connaît l’industrie du caoutchouc. Cette évolution doit être portée par les rideur.euse.s qui jouissent autant qu’ils dépendent d’écosystème fragile et fragilisé par leur passion. Plusieurs marques développent ou utilisent des matériaux alternatifs, biosourcés. Le caoutchouc naturel à base de canne à sucre ou d’hévéa a des propriétés presque aussi élevées que le caoutchouc synthétique et permet de réduire de 70% les émissions de CO2 (ici) par rapport à son alternative pétrochimique. Le Yulex, matériau biosourcé créé par Patagonia est désormais répandu dans l’industrie durable de néoprènes alternatifs, le Biöprene également. Les propriétés de ces alternatives ne cessent d’être perfectionnées, mais cela a un coût. Rip Curl s’est ainsi lancé dans l’innovation de son néoprène biosourcé, et comme souligne Jonathan Cetran, chef de produit : “On travaille sur des alternatives au néoprène, des matières biosourcées. Mais tout ça a un coût. Les combinaisons biosourcées sont 10 à 15% plus chères que des combinaisons classiques pour le moment. Elles n’ont pas non plus des performances équivalentes en termes d'élasticité et de chaleur. Mais elles s'en rapprochent chaque année. Dans 5 à 10 ans, toutes les combinaisons seront biosourcées.” Nous saluons les efforts en recherche et développement de grandes firmes comme de plus petites pour fournir un substitut durable de haute qualité. Il existe même désormais des combinaisons entièrement recyclables... on n'arrête pas le progrès ! Tu as un fil, tu as une aiguille?

Autre solution? L’entretien et la réparation. Le néoprène est fait pour durer, les marques ont développé la réparabilité de leurs produits et fournissent parfois le service de réparation, comme le fait Patagonia depuis... presque

toujours! C’est également le cas pour des marques plus populaires, comme Decathlon où le client peut venir faire réparer en 10 minutes sa combinaison en magasin. Des tutoriels existent en ligne, même, de quoi saisir son courage et son aiguille pour continuer à rider avec sa combinaison! Impact bénéfique de la pandémie: conjointe à la pénurie des ressources, elle a permis la prise de conscience de l'aberration de jeter sa combinaison néoprène si réparable!

En conclusion


Loin de vouloir empêcher la glisse ou de s'empêcher d'avoir le matériel nécessaire à nos passions, il suffit déjà de méditer et de repenser les choses. Par exemple, les locations de combis, l'attention et l'entretien du matériel par les rideur.euse.s, bref voir et partager sa vision et son opinion, quelles qu'elles soient. Et de recourir à quelques bons gestes, comme par exemple:

Rider bien équipé.e en néoprène, c’est:
  • Privilégier l’achat de néoprène biosourcé si possible

  • Entretenir au mieux sa combinaison et autres accessoires en néoprène

  • Ne pas faire l’économie de réparer - une combinaison ou autre se jette rarement!

  • Acheter de la qualité et considérer les marques qui proposent le service de réparation- l’investissement est plus lourd, mais plus long-terme et plus durable!

  • S’amuser surtout, si vous avez une combinaison, justifiez son existence et sortez-là pour rider! —Sinon, donne-la ou vend-la à une personne qui saura lui donner une belle seconde vie!






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